À travers les lignes qui vont suivre, retracez avec moi mon troisième périple à vélo. La rédaction maladroite à l’époque mélangée à un style narratif relégué au second plan font de ce récit un pur jus d’authenticité.
J’ai tout laissé brut, sans retoucher à ce que j’écrivais à l’époque après chaque journée de vélo. J’avais alors 20 ans.
Comme le montre le compteur présent sur ce blog, la date était écrite depuis longtemps. Le 14 juillet. En ce jour de fête nationale, je vais prendre à nouveau le départ d’une escapade. Cette fois-ci pas de traversée verticale de la France, mais je vais tourner en rond. Partir d’Angers pour rejoindre la côte atlantique, la même qu’en Mai 2016.
Plus d’une année s’est écoulée depuis mon premier vagabondage à vélo. Depuis la date de mon retour, seule celle de mon nouveau départ comptait. Une attente longue mais savoureuse. Une impatience qui m’a permis de commencer à préparer ce voyage.
Je repars avec les mêmes bases, sur le même principe, avec le même équipement. À travers 15 étapes, je vais découvrir la Bretagne, notamment son littoral. En route !
En amont de Laval
Sous une météo clémente, j’ai pris ce matin le départ de ma première étape. 108km dont une bonne partie sur les chemins de halage bordant la Mayenne.
Le tracé est plutôt clair, des panonceaux visibles, un revêtement correct. Une vue sur le cours d’eau à chaque tour de pédale rend la balade plus qu’agréable.
Cette vue sur la Mayenne s’offre aussi à quelques habitations qui ont la chance d’avoir leurs fenêtres ouvertes sur l’eau.
Sans difficulté, l’étape du jour était plate (excepté l’arrivée à Laval). Seul le vent trois-quart face est venu me ralentir mais les nombreuses écluses permettaient de s’arrêter quelques secondes.
Bien installé dans un petit camping chaleureux, je m’adapte à mes voisins étrangers en essayant de discuter dans la langue de Shakespeare !
Plus qu'un tour dans la Manche
Après une nuit fraîche et un mercure bas au réveil, j’ai pris le départ direction la Manche. Après avoir fait du toboggan les deux premières heures /\/\/\/\ (traversée du massif nord armoricain), je suis arrivé à Fougères. Les petites routes de campagne sans circulation m’ont permis d’admirer cette nature vallonnée.
Mais l’envie de voir le Mont Saint Michel se faisait attendre. Sur les derniers kilomètres, la brise commençait à souffler, néanmoins je ne voyais pas l’archange à l’horizon. C’est seulement à 3km du but que l’on se retrouve nez à nez avec ce haut lieu de pèlerinage.
Après mettre installé dans le camping le plus proche du Mont, je pris mon mal en patience pour pouvoir réussir à monter dans la navette gratuite, mais entre 4 aisselles et 2 poussettes, j’ai réussi à trouver une place 💪.
Quelques marches plus tard, j’avais enfin la vue escomptée, un panorama sur la baie du Mont Saint Michel !
Je laisse place aux photos qui valent tous les mots pour décrire ce bijou. Comme quoi l’Homme a su faire de belles choses, à lui de faire le nécessaire pour sauvegarder notre patrimoine.
Aux bords des routes, les déchets sont omniprésents même sur des axes peu entrain à la circulation. Des déchets mis là volontairement. Comment expliquer qu’une boite de gâteaux puisse se trouver au bout d’une branche ? Il faut préserver ce qui était là avant et ce qui le sera après…
Bevet Breizh
Dimanche matin, j’ai quitté Le Mont Saint Michel et le plat pays sous une légère bruine persistante. Elle et moi nous avons fait route vers l’ouest ! J’ai traversé Cancale et son port ostréicole avant de tomber nez à nez avec la cité Malouine. Puis pour rejoindre Dinard, j’ai roulé sur le barrage de la Rance afin de m’emmener vers ma destination finale : le petit village de St Jacut de la Mer.
Lundi, la semaine a commencé par du dénivelé. J’ai pu y trouver toutes sortes de côtes, de longs faux plats à 4-5% ou des murs à 9% de moyenne. J’ai même dû mettre pied à terre pour pouvoir monter jusqu’au camping de Binic (plus de 15%) mais cela valait le coup ! Que ce soit le Cap Frehel ou la réserve naturelle de la baie de St Brieuc, la côte escarpée de la Bretagne est somptueuse !
Hier, étape un peu moins casse patte, ou alors le corps s’habitue. Mais cette fois-ci ce sont les orages qui sont de la partie, au final, j’arrive à éviter le pire, le bord de côte aidant. Mon escale se situait à Landrellec. Petit port comme je les aime. Ici, quasiment pas de touristes, normal, pas de magasins de jouets, de souvenirs ou de vêtements, pas de plage de sable fin. Non, au contraire même, de gros rochers sont omniprésents, côte de granit rose oblige. Auparavant, j’ai traversé le village préféré des français 2015 : Ploumanac’h. Sans oublier Paimpol, Perros- Guirec,…
Aujourd’hui, étape à nouveau difficile entre le vent de face et les quelques bosses qui sont venues égayer mon trajet. L’arrivée à Morlaix m’a permis de repartir pour quelques kilomètres vent dans le dos jusqu’à Carantec où je devais camper…Mais le camping, certes bien étoilé, me prenait 48€ pour planter ma toile de tente soit le même tarif qu’une caravane ou un camping-car, logique…
Au final, direction St Pol de Léon, juste avant Roscoff, ainsi j’ai grappillé quelques kilomètres sur l’étape de demain, qui s’annonce un peu plus plate, mais encore plus venteuse… Et toujours de face !
Malgré le parcours exigeant, après 6 étapes et 610km parcourus, je ne suis pas déçu, loin de là. Cette côte sauvage reste naturelle, pas ou très peu d’artifice humain. Je ne sais pas pourquoi la mer et la montagne attirent autant l’Homme, mais me concernant, voir l’horizon à perte de vue résonne en moi comme un espace de liberté imprenable, comme une forteresse insaisissable, …
Tonnerre de Brest
Hier, je suis donc parti de St Pol de Léon. Quelques kilomètres après mon départ, j’ai traversé la jolie ville de Roscoff en début de matinée, traversée qui a été des plus agréables. Les rues piétonnes désertes laissaient ainsi libre cours à mon vagabondage.
Par la suite, je suis arrivé à Plouescat. Là, le vent de face m’a nettement ralenti, comme si on me demandait de prendre mon temps, de regarder comme la côte peut être belle. Et en effet, rouler sur les routes de l’Aber était absolument magique.
Puis j’ai traversé Lannilis et ses célèbres chemins de terre qui ont rendu la course cycliste Tro Bro Leon mondialement connue.
Après 95km parcourus, j’ai échoué au bout du monde, à St Pabu, au milieu des dunes. Pourtant, dans ce coin, certes reculé, mais somptueux, pas ou très peu de touristes. Parmi les vacanciers, beaucoup d’étrangers. Ils ont peut-être de meilleurs livres-guides de voyage que nous, ou alors, ils ont juste pensé à les consulter.
Aujourd’hui, j’ai pris la route direction Brest. Mais alors qu’initialement, je devais rejoindre cette ville par la côte jusqu’à la Pointe St Mathieu, les conditions climatiques défavorables (rafales de vent à plus de 70km/h et pluie forte) m’ont finalement fait changer d’avis. C’est donc en coupant par les terres que j’ai rejoint la ville portuaire. Et j’ai planté ma tente dans le jardin d’une Brestoise !
Demain direction la presqu’ile de Crozon. La météo ne s’annonce guère plus clémente mais la beauté des paysages devrait prendre le dessus.
Glave, glave ha glave !
Avant-hier, j’ai quitté Brest pour rejoindre la presqu’île de Crozon, toujours dans le Finistère.
Une fois le pont traversé, on a l’impression d’arriver dans un nouveau pays, le paysage n’est plus le même. Le centre de la presqu’île est vallonnée alors que les côtes rocheuses sont plus escarpées qu’à l’accoutumée.
Après avoir été jusqu’au Fort la Pointe et retrouvé Brest (juste en face à 3km à vol d’oiseau) j’ai planté ma tente au « bout du monde » comme est appelée la pointe de l’île ici. Paradis des surfeurs, ils ont dû se régaler hier avec le vent et la mer déchainée !
Aujourd’hui, je quittais Crozon pour rejoindre Baye. Une étape entre mer et terre. Après avoir longé la baie de Douarnenez, je me suis enfoncé dans la campagne bretonne.
Mais face à une météo compliquée, je me suis résolu à raccourcir mon étape. Après avoir changé de tenue, détrempée par la pluie, au bout d’1h30 de vélo, la veste de pluie n’était plus suffisante, les freins réagissaient moins bien, surtout avec le poids de la remorque. Je ne savourai plus ma balade. J’ai donc cherché une chambre d’hôtes afin de faire sécher tout mon linge et de repartir avec des affaires propres. Dérogeant un peu à mes principes de voyage, cette halte imprévue me permet néanmoins de recharger plus facilement toutes mes batteries (corporelles et électriques) !
Demain, j’attaque le Morbihan, seul département breton que je n’ai pas encore traversé !
Un des points marquants de ma traversée bretonne est l’emprunte culturelle omniprésente. Par exemple, ABSOLUMENT tous les panneaux de la route sont traduits en breton, même les annonces sonores dans le tram brestois !
Kenavo ar c'hentan tro !
Après un petit déjeuner copieux, je pris le départ de Quimper direction le Morbihan lundi. Fouesnant, Concarneau, Pont-Aven, autant de villes qui sentent bon la Bretagne que j’ai traversé.
Après avoir coupé tout droit dans Lorient, j’ai planté ma tente chez Loïc. Et sacré personnage ce Loïc ! Dans un petit lieu-dit bien perdu, il a fabriqué lui-même sa maison autonome ! Énergie solaire, évacuation naturelle des eaux usées, chauffage au poêle norvégien, pas de clôture, bassin naturel,… La nuit, c’est tout un écosystème qui prend vie, de ma tente j’entendais gratter, gambader !
Loïc est également luthier et possède divers binious et bombardes, il m’a aussi initié à l’astronomie avec un magnifique télescope Dobson qui permet de voir les explosions solaires !
Hier, direction le Golf du Morbihan. Belle étape à travers Auray, Lamor-Baden, Vannes,…
Pour terminer mon périple en Bretagne, je me suis arrêté à Penestin, cité mytilicole réputée avec ses célèbres moules de bouchot.
Aujourd’hui, après deux jours sous une météo agréable, j’ai retrouvé celle qui m’accompagne depuis le Mont Saint Michel, la pluie. J’ai vite quitté géographiquement la région Bretagne. Géographiquement seulement car les villes de Loire-Atlantique sont toujours traduites en Breton ! Les restaurants proposent toujours les mêmes spécialités bretonnes et les magasins d’usine de pâtisseries et gâteaux m’accompagnent toujours à chaque sortie de ville.
Après avoir traversé les magnifiques marais salants de Guérande, j’ai rejoint la côte et je suis passé par La Turballe, Le Pouliguen, La Baule, Pornichet, St Nazaire,…
La Baule m’a marqué : sa plage immense si dense d’un côté, les boutiques de luxe de l’autre, les nombreux immeubles pour vacanciers, blocs de béton disparates, les hôtels de luxe.
Après être passé par le port de Saint Saint-Nazaire, j’ai aperçu la raffinerie de Donges. Une zone qui s’étend sur plusieurs kilomètres, impressionnant !
Hugo, juillet 2017