Cannondale repositionne clairement le Synapse comme « l’endurance au service de la performance ». Sur ce montage Carbon 1 à 9 199 €, on retrouve la recette premium de la marque : cadre Hi-MOD (mêmes fibres nobles que les LAB71), cockpit intégré Momo Design, groupe complet Shimano Ultegra Di2 avec capteur de puissance 4iiii, et roues Reserve 42|49 Turbulent Aero.
Sur le papier, de quoi avaler les longues distances avec panache. Après plusieurs semaines à son guidon, voici un retour sans fard : ce que le Synapse fait très bien… Et là où il gagnerait à mieux coller à sa promesse d’endurance.
Les points forts :
- Le dynamisme du cadre pour un vélo d'endurance
- Le dégagement pour les pneus
- Un cadre moderne (UDH, StashPort, points de fixation,...)
À améliorer :
- Le prix
- Quelques détails au niveau des finitions
Déballage et design : un modèle complètement repensé
Ceux qui connaissent Cannondale ont encore en tête la génération précédente. Un vélo qui n’a pas eu les résultats escomptés avec une câblerie externe, des tubes très ronds et un système SmartSense moyennement intégré.
Ici, dès la sortie du carton, on repère immédiatement que ce nouveau Synapse est totalement différent.
Intégration exemplaire, points de fixation pour garde-boue et deux inserts sur le top-tube astucieusement masqués par une trappe élégante.
Le StashPort (stockage interne dans le tube diagonal) est bien vu pour embarquer l’essentiel, et la protection sur la base arrière rassure si vous vous égarez sur les chemins.
Une sacoche est d’ailleurs fournie avec le vélo. J’ai pu y ranger une pompe, une chambre à air, un multi-tools et deux démonte-pneus. Et j’ai pu ajouter en plus dans le compartiment, un coupe-vent léger.
Seule réserve au montage : je trouve que le couvercle du stashport n’épouse pas parfaitement le cadre.
Rien de rédhibitoire, mais notable à ce niveau de gamme.
Côté transmission, on retrouve le groupe Shimano Ultegra Di2 12 vitesses que l’on ne présente plus, avec un pédalier 50/34 et un capteur de puissance 4iiii (double), associé à une cassette 11-34 offrant un ratio de 1:1 avec le petit plateau pour passer partout.
À noter qu’un tracker est inclus avec ce capteur de puissance, compatible Apple Find My.
Le cockpit est assuré par le SystemBar R-One Momo Design, avec une potence de 100 mm et un cintre de 420 mm sur ce vélo en taille 56. Le pivot Delta nécessite un montage rigoureux mais permet une intégration de la câblerie propre et nette.
La finition de ce cockpit est d’ailleurs magnifique et très élégante ! Toutefois, et même si certains trouveront que je chipote, je trouve que le cache aurait pu mieux épouser l’ensemble.
Le support GPS inclus est plutôt de bonne facture et semble résistant. Il dispose aussi d’une fixation type GoPro® pour ajouter caméra ou éclairage.
La selle est une Fizik Vento Argo R5, correcte… Toutefois un modèle plus haut de gamme (muni de rails carbone par exemple) n’aurait pas été de trop au vu du tarif. Je l’ai rapidement changée car personnellement elle ne me convient pas pour des sorties longues.
Les roues sont des Reserve 42|49 Turbulent Aero montées avec des rayons Sapim CX-Ray et des moyeux DT 350, le tout tubeless ready.
Les pneus sont des Vittoria Corsa Pro Control en 32 mm, livrés d’origine en chambre à air mais convertis en tubeless avant la première sortie.
Enfin, dernier détail esthétique : l’axe traversant non visible du côté droit de la fourche.
Un vélo d'endurance, vraiment ?
La géométrie reste pensée pour pédaler longtemps, sans tomber dans l’extrême confort. Top-tube plutôt court, stack dans la moyenne basse des vélos d’endurance : beaucoup garderont quelques entretoises pour trouver la bonne hauteur de conduite. La position privilégie un compromis entre aéro et tenue sur la durée.
Notons aussi que ce vélo est décliné en 7 tailles, bien joué Cannondale !
On repère immédiatement la signature visuelle forte de ce vélo : un tube de selle très aminci à sa base et une tige en “D” avec son serrage intégré par-dessous.
On sent de la flexion sous les fessiers, ce qui filtre bien les vibrations.
Côté compatibilité et modernité : le cadre est compatible UDH, la câblerie est full intégrée et le dégagement de pneus (jusqu’à environ 48 mm à l’avant et 42 mm à l’arrière) est énorme.
Un vrai passeport pour sortir de l’asphalte. J’aurais toutefois apprécié des inserts pour sacoche de cadre : cela complèterait idéalement le StashPort et les fixations du top-tube pour l’ultra. Mais en l’état, cela reste sûrement l’un des cadres d’endurance les plus modernes du marché, avec le nouveau Scott Addict.
Notez que les versions SmartSense (lumière + radar + batterie intégrée) sont proposées sur les montages SRAM, pas sur notre configuration Ultegra.
Un cadre rigide… Que les roues d’origine surlignent
Je craignais un vélo d’endurance un peu « pataud ». Surprise : dès les premiers kilomètres, le cadre se révèle relativement rigide, et je sors pourtant d’un test du Van Rysel RCR-F, référence du genre.
Cette sensation est accentuée par les roues Reserve : le profil 42/49 est performant mais exigeant. C’est une paire de roues excellente qui sublimera n’importe quel vélo.
Toutefois, j’ai souhaité rouler aussi avec une autre paire afin de mieux cibler les sensations procurées par ce vélo.
En remplaçant les Reserve par des Syncros Capital chaussées de Continental GP5000 en 28 mm (déjà montés dessus, ça mériterait plus gros), le Synapse respire !
« La rigidité latérale est perçue comme moins abrupte, le rendement demeure très bon et le confort global progresse nettement sur les sorties de plusieurs heures. »
Le cadre n’a pas besoin d’être « surdurci » par des roues très rigides. Pour un programme endurance, un train roulant plus conciliant correspond mieux à l’ADN de ce vélo.
Malgré tout, après deux sorties avec ces roues, j’ai remis les Reserve. Car je n’ai pas voulu rester sur cette première impression et je me suis dit que si les ingénieurs de chez Cannondale avaient fait ce choix, c’est que c’était réfléchi…
Malgré la finesse du boitier de pédalier fileté, ce dernier se montre relativement dynamique. L’arrière du châssis, malgré sa souplesse ne se montre pas « mou », bien au contraire.
Avec l’avant relativement rigide notamment du fait du cockpit, j’ai pu réaliser des sprints au-delà des 1 200 watts sans sentir le vélo sourciller. Chose assez rare sur un vélo dédié à l’endurance.
Sur tous les terrains, le Synapse montre un tempérament cohérent. En montée et sur les relances, ses 8,2 kg (pour cette configuration, sans accessoire) lui permettent de passer sereinement, sans être le plus léger du segment mais sans inertie gênante.
En descente, l’avant très maniable facilite le placement des trajectoires et l’agilité est au rendez-vous. Sur le plat, une fois lancé et la position calée, il garde la vitesse avec constance. Enfin, sur les chemins et l’asphalte dégradé, il reste stable et joueur pour un endurance. Avec des pneus adaptés, on peut oser les voies blanches (et même bien plus) sans crispation.
Clairement, ce Synapse est l’un des rares vélos d’endurance à jouer sur le segment de la performance. On sent clairement que ce vélo a été développé avec (et pour) des athlètes comme Lachlan Morton.
Si l’on met de côté sa géométrie, bon nombre de cadres orientés compétition ont l’air finalement moins efficaces que ce Synapse. C’est un changement de paradigme complet par rapport à la génération précédente.
Mais je trouve toutefois que ce dynamisme se paye cash si vous êtes en méforme ou que vous ne visez pas la performance sur les épreuves d’ultra-distance. Surtout que je ne trouve pas ce vélo extrêmement confortable…
« Le confort est correct mais il nous rappelle davantage ce que l’on peut ressentir sur un vélo World Tour plutôt que sur un vélo de cyclosportif. »
C’est un vélo avec lequel j’ai mis du temps à me faire un avis définitif. Quand j’étais en forme en cette fin de saison avec ma FTP à 340 watts, c’était un plaisir de le rouler. Je pouvais assez facilement passer d’une sortie à fond les ballons entre copains à 4h en zone 2 le lendemain.
Mais quand la forme n’est plus au rendez-vous ou l’envie moins présente, difficile d’aller tourner les jambes avec ce vélo que j’ai trouvé sur certaines sorties relativement difficile.
Mon avis (très personnel) sur ce Cannondale Synapse
Le Cannondale Synapse coche quasiment toutes les cases du vélo « à tout faire » : rapide, rassurant, suffisamment tolérant (avec les bonnes roues/pneus) et parfaitement moderne.
Si vous recherchez un seul vélo pour rouler vite sur route, vous aventurer ponctuellement sur des pistes, et enchaîner les longues journées, c’est une réussite.
Deux nuances, néanmoins :
- Les roues Reserve, bien qu’excellentes, durcissent son caractère et desservent un peu sa vocation endurance. Un train roulant plus souple transfigure l’expérience.
- Si vous possédez déjà un gravel et un pur route plus incisif, le Synapse pourrait peiner à se trouver une place claire : pas le plus confortable des vélos d’endurance, ni le plus tranchant des vélos de course.
À 9 199€, le tarif se place clairement dans la fourchette haute face à la concurrence. Toutefois, le châssis Hi-MOD et l’équipement globalement premium (cockpit intégré, Ultegra Di2 + powermeter, roues carbone) justifient en partie cette envolée.