Ce nouveau Grizl 7 ESC (Escape), signé Canyon, est le gravel typé aventure de la marque. Nous étions curieux de tester ce vélo pensé pour barouder plusieurs jours en dehors des sentiers battus.
Fruit d’une longue lignée de Grizl, cette version se distingue par un nouveau cockpit au design singulier : le « Full Mounty ». Ce cintre permet de varier les positions des mains, un atout essentiel en longue distance pour éviter les désagréables fourmillements dus aux pincements des nerfs ulnaire ou médian. Sa conception autorise aussi l’ajout d’accessoires spécifiques : prolongateurs, sacoches, ou encore support GPS intégré.
Les points forts :
- Maniabilité et stabilité
- Nombreux points de fixation
- Géométrie taillée pour l’aventure
À améliorer :
- Cintre au potentiel limité sans ses accessoires
- Boîtier PressFit
Ce gravel a l’avantage d’exister en plusieurs déclinaisons, dont une version Eclips, équipée de moyeux à dynamo, d’un système d’éclairage et de charge intégré (avec port USB-C à l’arrière du cockpit).
Déballage & design
Tout est bien pensé dans le carton : le déballage et le montage sont simples, même pour un particulier averti. Une boîte contient la documentation et les outils essentiels, y compris la graisse spécifique et une clé dynamométrique, le tout accompagné d’un livret de montage clair et bien conçu.
J’ai également reçu la sacoche de cadre et ses fixations aimantées Fidlock. Le vélo, full carbone et de très belle facture, se monte aisément : seules les roues et la potence sont à installer. J’ai apprécié de recevoir un vélo parfaitement réglé, freins et dérailleurs inclus !
Ce Grizl regorge de points de fixation, un atout évident pour les aventures au long cours.
J’affectionne particulièrement celles du top tube, idéales pour fixer une sacoche stable et y glisser l’électronique : batteries externes, téléphone, etc.
Petit regret : aucun des accessoires spécifiques au cintre (sacoche ou prolongateurs) n’a été envoyé par la marque. Je ne peux donc pas juger de leur efficacité ni de leur durabilité. Sur le papier, la sacoche du cockpit semble pourtant bien conçue : étanche et dotée d’un bon volume d’emport.
Les composants en détail
Le cintre Full Mounty
Un cintre carbone au design clivant : on aime ou on n’aime pas. Personnellement, je trouve l’esthétique un peu massive et carrée, mais j’ai vraiment apprécié la possibilité de varier les positions des bras et des mains, ce qu’un cintre classique sans prolongateurs ne permet pas.
On pourrait presque parler de mini-prolongateurs, sans le poids ni l’encombrement supplémentaire ! Canyon a toujours osé les cintres atypiques, autant sur le plan esthétique que fonctionnel, et ici, c’est une réussite.
Seul bémol : difficile de placer mon support de téléphone tout en profitant des multiples positions offertes. Habitué à la longue distance, j’ai le réflexe d’y installer compteur et téléphone, mais il faut ici trouver une fixation adaptée.
La sacoche de cadre spécifique
Conçue en matériau soudé pour garantir l’étanchéité, elle utilise d’astucieuses fixations Fidlock aimantées. Trois points d’ancrage (deux sous le tube supérieur et un sur le tube diagonal) assurent une excellente tenue et évitent l’usure de la peinture liée aux frottements des lanières. C’est propre, pratique et esthétique.
Une fois la première tentative de fixation passée (un clic mal enclenché…), c’est un vrai bonheur à utiliser. Elle recouvre toutefois le petit espace de rangement intégré dans le tube diagonal, idéal pour loger chambre à air, démonte-pneu, cartouche CO₂ ou mini-pompe. Le vélo est d’ailleurs livré avec un mini multitool, pas le plus pratique, les embouts étant très courts, mais suffisant pour dépanner.
La transmission
Ce modèle est équipé d’une transmission « mullet » : Shimano GRX 820 12 vitesses, avec plateau 40 dents et cassette Sunrace 11-51. Parfait pour rouler chargé sans se soucier du dénivelé.
Le cadre adopte le standard UDH (Universal Derailleur Hanger), désormais très répandu, qui permet aussi d’évoluer vers une transmission SRAM T-Type sans patte de dérailleur.
💡 Petit conseil longue distance : emportez toujours une patte UDH de rechange, ça coûte une quinzaine d’euros et peut sauver une sortie !
Le freinage Shimano GRX est fidèle à sa réputation : puissant, silencieux et constant, qu’il pleuve ou non.
Côté pédalier, on retrouve un Shimano GRX 820 associé à un boîtier BB-RS500 PressFit. Dommage : un boîtier vissé aurait été plus simple à entretenir à domicile, surtout en gravel où ces pièces s’usent régulièrement.
Les roues et pneus
Une paire de DT Swiss Gravel LN en aluminium, montées avec des pneus Schwalbe G-One Overland Performance en 45 mm. L’ensemble est efficace, solide, et la tenue de route est excellente.
Et le reste...
La tige de selle S15 VCLS 2.0 offre une flexion verticale de 20 mm : c’est surprenant d’efficacité dans les passages cabossés !
Enfin, on retrouve sous le tube diagonal, une plaque épaisse qui protège le carbone des chocs de pierres ou de branches. On reconnaît clairement la vocation aventure de ce Grizl.
Prise en main
Dès les premiers tours de roue, on ressent la géométrie aventure : un empattement long, mais un comportement vif et efficace. C’est plaisant : le vélo est nerveux, suffisamment rigide pour conserver un bon rendement et la tenue de route, tout en restant confortable sur la durée. Il se montre plus stable que bien des vélos que j’ai pu rouler.
Le cadre carbone offre un passage de pneu parfaitement adapté aux nouvelles tendances : jusqu’à 54 mm ! La différence entre un pneu de 40 et 45 mm est flagrante, vive les cadres capables d’accueillir de gros volumes comme celui-ci.
Et sur le terrain ?
J’ai testé ce vélo dans de nombreuses conditions : sec, pluie, poussière, boue, cailloux, terrains instables ou glissants… À chaque fois, j’ai été agréablement surpris par son confort et son pilotage. Les pneus Schwalbe Overland offrent un excellent rendement et un grip rassurant.
J’ai roulé le Grizl aussi bien sur des sorties longues d’endurance que sur des sorties plus rythmées entre amis. À chaque fois, le ressenti fut positif. Il m’a fallu deux sorties pour bien l’apprivoiser et comprendre ses terrains de prédilection.
Avec sa géométrie aventure, à mi-chemin entre un gravel et un monster gravel, il excelle sur les chemins techniques et dégradés, sans se montrer pénalisant sur les portions roulantes.
« Bien que son poste de pilotage soit assez relevé, il sait aller vite grâce à sa grande stabilité et la bonne rigidité de son cadre et de sa fourche carbone. »
Je l’ai également utilisé chargé, en préparation d’une course de 400 km (la Vosges Express). Le comportement reste sain, même avec du poids : pas de guidonnage ni de gêne particulière, hormis l’inertie normale en montée. C’est exactement ce qu’on attend d’un gravel d’aventure : pouvoir charger sans sacrifier le plaisir de pilotage.
Je roule habituellement sur deux modèles : un acier (Rondo Ruut ST 2, léger et confortable) et un titane (Chiru Fukaï, un monster aventure à la géométrie particulière).
Le Grizl 7 Escape se place clairement entre les deux : il combine la facilité de franchissement et la position relevée de mon Chiru, tout en conservant la vivacité et le plaisir de mon Rondo.
En somme, il réunit le meilleur des deux mondes : un vélo agréable dans les parties techniques, confortable sur la distance, mais joueur et dynamique pour les sorties rapides entre amis. J’ai adoré le piloter !
Verdict : difficile d'être déçu ?
Canyon ne déçoit pas : ce Grizl 7 Escape est une machine aboutie, prête pour l’aventure et à l’aise sur tous les terrains, même les plus exigeants. J’ai pris beaucoup de plaisir à son guidon : confortable, stable, rassurant.
• Gravel aventure en Carbone •
Ce vélo ne s’adresse pas aux amateurs de vitesse pure, pour cela, le Grail reste la référence course, mais plutôt à ceux qui veulent rouler sans se soucier du terrain, ni du revêtement ou de la technicité du chemin.
