Il y a 5 ans sortait un gravel au look unique et spécial. Sur un marché jeune et immature, le Canyon Grail (premier du nom) a fait couler beaucoup d’encre avec son « double cintre ».
J’ai d’ailleurs eu la chance de rouler pendant 2 ans sur ce vélo qui était pour moi unique en son genre pour l’époque et qui m’a procuré de belles sensations.
Mais aujourd’hui, c’est un modèle complètement repensé que nous présente Canyon. Si le nom est identique, tout le reste ou presque a changé ! Laissez-moi vous présenter le test du Canyon Grail CF SLX 8, deuxième génération ! 👇
Le test du Canyon Grail CF SLX 8 (2024)
Habituellement, je commence toujours mes articles par une présentation du modèle. Mais ici, à quoi bon ? Tous les médias spécialisés en ont déjà parlé. Alors autant se concentrer sur l’essentiel : un test de fond en comble de ce gravel.
(mais je vous présente tout de même ce bolide en vidéo !)
Condition du test :
Reçu en octobre, j’ai effectué mes premières sorties sous une météo bien capricieuse. Chemins roulants et routes de campagne ont alors été ses premiers terrains de jeu. Par la suite, j’ai pu pousser ce gravel un peu plus loin dans ses retranchements…
Livraison, montage et finitions ★★★★★
Comme vous le savez sûrement, Canyon ne vend ses vélos que par l’intermédiaire de son site web. Une fois livré à domicile par UPS, le bolide est extrêmement simple à monter. Installation du cockpit, de la tige de selle et des deux roues… Et c’est tout !
👌 Ici, tout était parfaitement emballé et la transmission était correctement réglée.
Côté finitions, j’ai d’ailleurs trouvé ce modèle très bien fini. La peinture brillante est du plus bel effet et nuance parfaitement avec le noir mat. Même si ce dernier prend davantage les traces 😁.
Canyon est resté dans la continuité du Grail #1 côté design, mais on peut compter sur eux pour sortir des collections limitées surprenantes d’ici à quelques mois. Esthétiquement et même si je le trouve bien proportionné, ce n’est pas le plus « beau » gravel de l’année. Mais c’est subjectif, bien sur.
Enfin, j’ai pesé le vélo à nu, sans pédale, ni porte-bidon, ni accessoire et j’arrive à 8 kg tout rond. Un poids plutôt intéressant pour un gravel ! Surtout que l’on peut l’optimiser assez facilement. J’ai par exemple pu économiser quelques grammes en changeant les pneus en fin de test (Panaracer Gravelking Semi slick en 35 mm au lieu des Pirelli Cinturato en 40 mm).
Cadre, périphériques et accessoires ★★★★★
Quand j’ai découvert le tableau des géométries de ce vélo, je vous avoue avoir été légèrement surpris. Le Top Tube est relativement long ainsi que l’empattement. Ce top tube surdimensionné est d’ailleurs compensé par une tige de selle avec un offset et une potence (très) courte. Je retrouve donc des côtes équivalentes à mon Trek Checkpoint.
Malgré mes 1,85m et 89cm de hauteur d’entrejambe, j’ai opté pour un cadre taille M. Comme avec la plupart des vélos, je me situe bien souvent entre un M et un L (56/58). Mais à mon sens, il est plus facile de « rallonger » un vélo petit, que de raccourcir un vélo trop grand.
Si vous êtes dans la même situation, assurez-vous juste que la sortie de selle sera suffisante. Ici, il me reste plus de 3 cm de marge.
Mais sur le papier, recevoir un cockpit avec une potence équivalente à 70 mm, m’a laissé perplexe. De même qu’un cintre en 44 mm de large pour une taille M… Et pourtant !
Cette potence courte donne une bonne maniabilité du vélo et je me suis même fait surprendre 1 ou 2 fois au début sur des sorties de courbe un peu précipitées.
La largeur du cintre de 44 cm me paraissait démesurée pour un cadre M… Et finalement, la conception de ce dernier fait que je me sens particulièrement bien dessus. Si les dimensions du combo par défaut vous paraissent disproportionnées, je vous conseille malgré tout de rouler avec et de vous faire votre propre avis avant d’envisager de le changer.
Toujours sur ce combo, le système de fixation pour accessoires est plutôt bien pensé. Il permet une grande polyvalence mais aussi un risque de casse moindre du support déporté contraint à de nombreux chocs en gravel.
Ce support GPS permet aussi d’adapter la lampe Canyon qui se fixe directement en dessous grâce à un aimant. Astucieux et aéro !
Hormis le cadre et le cockpit Canyon, on retrouve aussi une tige de selle en D, propriétaire. Ici pas de système de suspension ou autre. C’est plutôt le fait d’avoir une sortie de selle importante et donc un certain bras de levier qui apportera un minimum de confort. On retrouve un cache-poussière ainsi qu’un serrage par le dessous à l’aide d’une clé Torx… Personnellement, je ne suis pas très fan de ce type de vis sur un vélo.
Côté transmission, on retrouve le nouveau groupe Sram Force qui se rapproche énormément de son petit frère, le Rival, auquel je suis habitué depuis 2 ans maintenant. Un freinage progressif, un passage de vitesse impeccable et une bonne ergonomie. Je ne trouve aucun défaut à ce groupe même si les deux petits boutons sur le haut des cocottes, propres à Shimano, me manquent 😅. Pour pallier cela, Sram offre la possibilité d’installer des petits boutons sans fil que l’on peut disposer n’importe où sur le cintre.
Le fait de se retrouver par défaut avec un plateau de 42 dents correspond bien à l’ADN de ce vélo. Les plus puissants d’entre nous opteront sûrement pour un 44, voire plus.
Côté roues, on reste chez Sram avec les Zipp 303 Firecrest. Alors que je roule depuis 2 ans maintenant avec les 303S, j’ai vraiment pu observer une véritable différence.
Des roues rigides et toujours sans crochet. Légères, elles transmettent parfaitement la puissance développée. Elles correspondent à l’ADN du Canyon Grail.
Côté pneus, on retrouve les Pirelli Cinturato en 40 mm. Je suis toujours autant bluffé par ces gommes qui conservent un rendement extra sur le bitume tout en proposant une certaine polyvalence sur chemins.
La selle Fizik Terra Argo X3 est peut-être un peu longue (27 cm) mais permet de compenser avec la rigidité du cadre, en absorbant légèrement les aspérités du terrain. Une très bonne selle en première monte, à adapter selon vos préférences.
Je trouve donc le montage d’origine proposé par Canyon proche du sans-faute. Les composants sont extrêmement bien choisis et permettent d’avoir un vélo prêt à rouler sans effectuer aucun changement dans l’immédiat.
Heureusement, me direz-vous, pour ce budget ! Mais il est encore fréquent de trouver des gravel milieu de gamme avec des incohérences niveau périphériques.
Je regrette juste le manque d’un capteur de puissance Sram Quarq (dans la manivelle gauche) qui reste peu couteux et qui irait de pair avec un tel vélo.
L’espace de rangement dans le tube diagonal est plutôt bien pensé : il ressemble fortement à ce que l’on peut retrouver sur le Trek Checkpoint. Je trouve la trousse de rangement semi-rigide bien construite et plus facile à faire pénétrer dans le cadre. Par contre, il est très difficile, voire impossible d’y ranger une chambre à air standard (en 700*38 par exemple). Seules, les chambres type Tubolito ou Extra light peuvent rentrer.
Mais c’est la seule swat box testée à date qui me permet vraiment de me passer d’une sacoche de selle pour une course ou une sortie à la journée. On peut en effet facilement y ranger :
- Une chambre
- Une cartouche Co2
- Un (ou deux) démonte-pneu
- Un percuteur
+
- Un multitools
- Une pompe
⚠️ La sacoche n’est pas fournie avec le vélo. Seul le multi-tools est déjà en place dans la swat box.
On retrouve aussi d’autres accessoires que je n’ai pu tester :
- Une sacoche de cadre magnétique
- Un jeu de garde-boue
- Des supports de fourche pour sacoches
- Un support smartphone dédié
- 2 types de cintre (Pro et Ergo)
- Une lampe arrière qui se visse sur la tige de selle
- Des prolongateurs (j’y reviens plus bas)
Mise à jour – janvier 2024
J’ai reçu entre-temps le jeu de garde-boue, la mini-pompe Topeak et la sacoche de cadre dédiés pour ce vélo.
Les garde-boues respirent la qualité et s’installent en quelques minutes. Rien ne bouge, même sur du gravel engagé et le style reste plus que correcte (subjectif).
Concernant la sacoche de cadre, elle est aussi très bien construite et le système d’accroches magnétiques (Fidlock) est très bien pensé. Seule sa contenance est un peu juste au vu de l’encombrement.
Enfin, la mini-pompe trouve parfaitement sa place dans le couvercle de la swat box et permet donc d’avoir TOUT le nécessaire de réparation dans le cadre !
Sur les chemins ★★★★☆
Le cadre propose une bonne rigidité, notamment latérale qui se ressent dès que l’on se met en danseuse. J’ai eu ce ressenti dès les premiers coups de pédale et il ne m’a pas quitté durant tout le test ! Un comportement sain et vif couplé à une excellente maniabilité.
Le passage de pneu limité à 42 mm pourrait vous freiner mais il ne s’agit pas selon moi d’un défaut majeur.
Avec du 40 mm, on peut déjà aller partout ou presque. J’ai d’ailleurs traversé la France avec cette section sur des chemins parfois VTT, dans des conditions dantesques… Et je suis aussi technique qu’un cheval de trait !
Quand on voit dans quels bourbiers font mumuse les cyclo-crossmen avec des sections limitées à 33… Sur ce type de gravel, cela ne me paraît donc pas incohérent, ni rédhibitoire.
Et même si ce Canyon Grail peut se piloter sur du très cassant, je ne pense que cela correspond à la philosophie de ce vélo.
Sur la route ★★★★★
Cela peut paraître bizarre, mais il me semble important de juger les qualités d’un tel gravel sur les portions bitumées / très roulantes.
Un comportement qui se veut exemplaire à faire pâlir de nombreux vélos de route, surtout si l’on adapte les pneumatiques.
Je vais vous donner une stat qui n’a pas énormément de sens tellement les conditions pouvant influencer les résultats sont nombreuses. Mais j’ai réalisé plusieurs sorties très roulantes (80-90% route) à plus de 28 de moyenne pour seulement 170W moyens (zone 1 me concernant). Et ce, seul, sans abri ni aspiration donc, et avec les pneus d’origine en 40 mm ! Effectuer des sorties en endurance avec ce gravel aussi vite ou presque qu’avec mon vélo de route m’a réellement surpris.
Sur des sorties plus rythmées, les pneus commencent à jouer un rôle certain, mais une fois monté en 28 ou 30mm, Ce Canyon Grail est clairement un véritable vélo de route ou presque. Je pourrais m’aligner sans souci avec sur des courses FFC, voire des triathlons (grâce aux prolongateurs).
En effet… Grâce au système Gear Groove sur le cockpit, on peut y fixer des prolongateurs propriétaires. Ces derniers sont similaires ou presque à ceux que l’on retrouve sur le Canyon Speedmax, le vélo de triathlon de la marque allemande. Pour avoir roulé ce bolide pendant de nombreux mois, j’ai trouvé les prolongateurs très agréables. Néanmoins, ils manquent légèrement d’espacement au niveau des mains.
Même si l’on peut regretter le côté « propriétaire » du système, je trouve que c’est un excellent point pour les athlètes qui veulent réaliser des courses d’ultra ou des triathlons avec ce gravel.
Confort ★★★☆☆
J’ai reçu ce vélo en montage chambre à air… Autant vous dire que cela a joué sur mes premières impressions en termes de confort. Un vélo qui a du mal à filtrer sur l’avant. C’est un peu mieux sur l’arrière sûrement grâce à la selle et à la sortie de selle importante.
Une fois passé en tubeless, c’est légèrement mieux mais on ne peut pas dire que le confort soit sa qualité première. Il faut être en condition pour profiter pleinement de ce vélo au risque de rester « collé » en cas de méforme. Mais a contrario, je ne le trouve pas si exigeant pour maintenir un rythme tempo.
Mon avis sur le Canyon Grail (2nd génération)
Selon moi, Canyon a frappé très fort avec ce nouveau modèle. Sûrement plus exclusif que le grail #1 dans son comportement, mais bien plus polyvalent dans sa conception. De l’ultra-distance route ou gravel, du bikepacking sur quelques jours, des courses de gravel, des sorties entre copains animées,… Bref, c’est le vélo à tout faire pour ceux qui recherchent la performance.
Pour une personne qui pratique le vélotaf, les longs voyages à vélo et les sorties (très) accidentées, ce Canyon Grail 2ᵉ génération n’est clairement pas adapté. Pour le reste, il est parfait pour 90% des parcours dits “gravel” et pourra aussi vous emmener vite et loin sur la route en adaptant les pneumatiques.
Des finitions rassurantes, un montage équilibré, une solution de stockage pertinente et des points de fixation largement suffisants. On ajoute à ça une gamme d’accessoires dédiés bien pensés et l’on se retrouve peut-être bien avec le gravel de l’année 2024 ?
Concernant le choix du modèle, je trouve que la version CF SLX est la plus judicieuse à choisir, en Sram ou Shimano selon vos préférences personnelles.
En effet, même si la gamme CF SL propose déjà de belles améliorations, je vous conseille, si votre budget le permet, de vous orienter vers les modèles CF SLX qui bénéficient des mêmes avancées que le cadre CFR pour seulement quelques grammes de plus (et encore, ça dépend des montages) mais beaucoup d’€€€ en moins ! Comme bien souvent, c’est le milieu de gamme qui l’emporte 🙂
5 réponses
bjr je te lis mais il me semble que tu est posé trop bas sur ton vélo essaye de monter entre 5 mm et 1 cm ta jambe tombera mieux sauf si tu roules comme un cheval de trait !!c ‘esp pas moi qui l’ a dit !! patrick l ‘ angle de ta jambe est trop fermé !!
Bonjour Patrick,
HUm… Je pense même être encore un peu trop haut. Sur la photo, je suis à 78 cm (entrejambe 89 cm). J’ai longtemps roulé à 79 cm et je me trouve finalement mieux entre 77,5 et 78,5 en fonction des pédales, cuissard, chaussures, manivelles,… Mais rien n’est définitif, il faut tester et tester 🙂
Bonjour Hugo, hésitant entre l’Endurace cf 8 et le Grail cf slx 8, qui bénéficie en ce moment d’une belle réduction de prix suite à la sortie du grx en 12v, j’aurais voulu savoir pourquoi tu déconseilles cette machine à ceux qui veulent également s’en servir pour du velotaf, parce que tout ton article me crie de choisir cette machine… à part ta conclusion 😅.
Également une autre question que je me pose : la position est elle beaucoup plus sportive sur ce Grail, que sur l’Endurace, comme j’ai cru le comprendre en regardant les chiffres de leurs géométries respectives ?
D’avance merci pour ta réponse et également merci pour cet article, qui m’apporte déjà des réponses que je me posais, comme sa validité sur la route 👌🏻.
Hello !
L’Endurace est un super vélo mais si tu veux retrouver la rigidité du nouveau Grail, tu devras opter pour la fibre CFR. Concernant la position, oui, elle est plus sportive sur le Grail même si tu peux jouer un peu sur le stack avec les entretoises ;).
Pour le vélotaf, c’était pour imager : aucun souci bien sûr pour se déplacer quotidiennement avec ce vélo. Mais si là est sa seule utilisation, je conseille plutôt de s’orienter vers un vélo moins exigeant.
Bon achat à toi !
hello ! merci Hugo pour ta réponse 👍🏻