Chez Gravel Passion, on aime les vélos qui ont du caractère, mais aussi une histoire. Et autant le dire tout de suite, ce gravel en bois et lin, fabriqué en France par Les Ateliers Gonnel, en a sous la pédale.
Entre artisanat haut de gamme, performance surprenante, et une philosophie écologique assumée mais discrète, voici le test complet du Gonnel Embrun.
Les points forts :
- Fabrication artisanale haut de gamme
- Confort exceptionnel
- Esthétique moderne et élégante
À améliorer :
- Légère inertie sur des pentes raides
- Dégagement maximal de 40 mm
Gonnel : l'alliance du nautisme, de l'aéronautique et de l'artisanat
Situé au cœur de La Rochelle, dans un environnement imprégné par l’univers nautique, Les Ateliers Gonnel est une marque française fondée sur l’union singulière de techniques issues du nautisme et de l’aéronautique, associées à l’ébénisterie traditionnelle. L’équipe, composée initialement de 3 co-créateurs (Benjamin, Bruno et Guillaume) conçoit des vélos uniques et performants grâce à une combinaison judicieuse entre technologie moderne et savoir-faire artisanal. Chaque vélo Gonnel est fabriqué à la main dans leur atelier rochelais, avec une attention exceptionnelle portée aux détails.
L’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui ne repose pas sur un simple discours marketing. J’ai souhaité rendre visite à Gonnel et je me suis donc rendu directement au sein de leur atelier.
Une construction unique : entre bois et composite
Le Gonnel Embrun est un gravel au cadre composé à 80 % d’origine végétale. La marque mise sur une combinaison originale : une structure en frêne associée à de la fibre de lin. Le frêne est un bois choisi pour ses excellentes propriétés mécaniques : à la fois léger, résistant aux chocs et capable de bien absorber les vibrations. Le lin vient renforcer encore davantage la structure tout en améliorant la filtration des vibrations parasites.
Le processus de fabrication, réalisé entièrement en France, est impressionnant. Tout commence avec de simples lattes de bois soigneusement sélectionnées, qui seront associées à des fibres naturelles, puis assemblées dans des moules précis sous vide.
Chaque pièce est ensuite usinée, poncée, glacée puis vernie à la main, avec un niveau de finition rare, même dans le haut de gamme.
À l’épreuve des chemins : des sensations étonnantes
Visiter un atelier c’est chouette mais un vélo ça se teste. Un gravel m’a donc été mis à disposition par Les Ateliers Gonnel et j’ai fait le choix de rentrer de La Rochelle, direction ma Vendée sur ce vélo. Une première sortie d’un peu plus de 100 km sans réglages précis autre que la hauteur de selle.
Une première sortie réalisée sur du gravel roulant à plus de 27 de moyenne. Mais outre ces chiffres, la première surprise a été côté confort. Le vélo filtre remarquablement les vibrations, et ce de manière homogène entre l’avant et l’arrière. Les routes dégradées, les petits singles accidentés ou les chemins caillouteux deviennent étonnamment agréables. Certes, ce n’est pas une suspension active, mais le travail du frêne et du lin reste bluffant.
Un autre point marquant est la quasi-absence de bruit parasite. Là où un cadre carbone amplifie les vibrations ou un cadre alu génère des résonances métalliques, l’Embrun avance dans un silence plaisant, uniquement troublé par le bruit discret de la transmission et de la roue libre.
« On dit qu’on se souvient toujours de sa première fois.
Ça dépend laquelle.
Mais celle de rouler sur un vélo en bois restera gravée à jamais. »
Une géométrie taillée pour le gravel polyvalent
La géométrie du Gonnel Embrun est moderne et sportive. Le vélo est maniable, légèrement nerveux sans être trop raide, parfait pour les longues distances tout en restant agréable sur du plus court. Même si ce gravel n’est pas à classer dans la catégorie race mais plutôt dans le registre des vélos polyvalents, une fois lancé, on se sent posé comme sur un rail.
Le cadre bien travaillé, même sur le plan aérodynamique, permet de le rendre efficace, même au-delà des 30 km/h.
Même son poids reste contenu puisqu’ici avec un montage en Shimano GRX mécanique et des périphériques moyen de gamme en aluminium, l’ensemble pèse moins de 10 kg. Ce poids n’est d’ailleurs pas un frein à l’usage. Seule une certaine inertie peut se faire ressentir sur des pentes sévères aux alentours des 10% où le vélo ne propose pas la même facilité, notamment sur le plan latéral, qu’un modèle carbone à 7,5 kg.
Notez aussi que le dégagement maximal se situe aux alentours des 40 mm. Ce n’est pas un inconvénient selon moi, mais juste quelque chose à prendre en compte en fonction de votre pratique et votre terrain de jeu. Ici, sur les pistes Vendéenne, il est possible de rouler toute l’année entre 35 et 40 mm de section. Cela n’a donc pas été un handicap pour mon test.
Un vélo qui redéfinit l'esthétisme
D’un point de vue esthétique, Gonnel a fait un travail remarquable. Contrairement à certains cadres artisanaux en bois, souvent maladroits, l’Embrun affiche des lignes modernes, fluides et aérodynamiques.
L’intégration des câbles est réussie (seules les gaines de frein sont visibles sous les bases arrière.), et le cadre conserve une élégance sobre, mettant en valeur la matière noble du bois.
On sent l’amour du bel objet chez Gonnel, et ce vélo attire systématiquement les regards. Même si celui des autres m’importe peu, je n’ai jamais pu m’empêcher de poser mes propres yeux régulièrement sur le top tube quand je pédalais.
De quoi me redonner le sourire même dans les passages les plus compliqués d’une sortie comme le retour à La Rochelle où j’ai dû subir un fort vent défavorable. Même là, le cadre impressionne par sa stabilité malgré des roues en carbone Scope à haut profil.
Il s’agit clairement d’un gravel fait pour explorer sans contraintes, pouvant être équipé de sacoches grâce aux inserts optionnels et très pratiques que propose Gonnel.
Comme ici, vous pouvez opter pour une magnifique sacoche de cadre, faite à la main en France, qui viendra parfaitement s’harmoniser avec le cadre et surtout se fixer grâce à des inserts filetés.
Une approche écologique discrète mais réelle
La marque Gonnel met peu en avant l’aspect écologique du vélo, même s’il est bien présent. Avec une production locale et des matériaux majoritairement naturels ou biosourcés, l’empreinte carbone du vélo est réduite comparée aux modèles traditionnels. Certes, le vélo n’est pas parfaitement neutre, mais l’effort est à saluer, d’autant plus qu’il n’est pas utilisé comme argument marketing principal.
Faut-il craquer pour le Gonnel Embrun ?
Soyons clairs : oui. Non seulement parce qu’il est beau, unique, et relativement performant, mais aussi parce qu’il raconte une histoire authentique d’artisanat et de passion. Rouler avec ce vélo est une expérience rare.
« Avant d’être un beau vélo, c’est aussi un bon vélo. »
Seul point surprenant, son prix : à partir de 3 600 € le kit cadre.
Il est presque étonnant que ce vélo ne soit pas vendu plus cher compte tenu du savoir-faire et du temps passé à le fabriquer. Mais c’est aussi ce qui le rend « accessible » à ceux qui souhaitent s’offrir un gravel véritablement unique.
Alors certes, rien qu’avec le prix du kit-cadre, vous pouvez avoir chez certaines marques un vélo complet qui vous emmènera tout aussi parfaitement à votre destination. Mais dites-vous aussi que 3 600 euros, c’est le prix d’un kit-cadre chez la plupart des marques haut de gamme en gravel carbone chez qui le travail manuel sur ce type de vélo se limite bien souvent à l’étape du montage.
Le Gonnel Embrun est une belle réussite : un gravel qui mérite qu’on s’y intéresse de près, et qui risque bien de faire réfléchir à deux fois ceux qui hésitaient encore à rouler sur autre chose que du carbone ou du titane pour leurs longues escapades sur les chemins.
Côté montage justement, vous pouvez configurer le vélo en ligne comme vous le souhaitez et choisir des périphériques et roues en aluminium ou carbone, des transmissions mécaniques ou électroniques,… Bref, réaliser un vélo sur-mesure ou presque.
