Cela fait quelques mois qu’il n’y avait pas eu de test de gravel par ici ! Et pourtant, j’ai eu la chance de rouler pendant plusieurs semaines le dernier bolide de la marque allemande Rose.
Sorti en mars 2024, le Backroad FF est le premier gravel « race » au catalogue de Rose. En complément du Backroad, ce vélo a un objectif simple : rouler vite, très vite.
Proposé avec un très bon rapport composants / prix sur le papier, que vaut-il réellement ? C’est parti ! 👇
Présentation du Rose Backroad FF
Rose frappe fort avec ce modèle et un tarif qui défie toute concurrence. Le cadre est identique qu’importe le montage (même fibre carbone), ce qui est assez rare pour être mentionné. Vous pouvez donc goûter à ce Backroad FF à partir de 3 528 € avec une transmission SRAM Rival AXS et des roues maison signées Rose pour un poids contenu inférieur à 9kg. Le montage en Shimano GRX DI2 est aussi extrêmement intéressant car proposé au tarif de 4 839 € avec des roues carbone, là encore signées rose.
Mais selon moi, la configuration qui écrase définitivement la concurrence est bien la plus haut de gamme avec le modèle en SRAM RED XPLR affiché à 7 000 €, un tarif presque deux fois moins cher que la concurrence à configuration égale.
À chaque fois, vous avez la même tige de selle, le même cockpit et un vélo toujours équipé d’un capteur de puissance !
3 coloris (pistache, gris et rose), 6 tailles et 5 montages, de quoi trouver son bonheur !
Bon d’accord, on a une belle peinture, de bons composants, mais que vaut réellement le cadre ?
Le test du Backroad FF
Condition du test :
J’ai utilisé ce vélo dans sa configuration d’origine sur nos beaux chemins blancs de Vendée mais aussi en mode route avec des pneumatiques en 32 mm puis 30 mm sur une seconde paire de roues.
Finitions et montage ★★★★★
La livraison en France d’un vélo Rose est un peu plus complexe comparée à d’autres marques internationales. En effet, la firme allemande fait confiance à un transporteur local une fois que le vélo est arrivé sur le sol français et la prise de contact peut s’avérer hasardeuse. Ici, c’est un transporteur vendéen qui m’a contacté par e-mail quelques jours après que le vélo soit expédié d’Allemagne.
Si le carton est arrivé légèrement endommagé, à l’intérieur le vélo était parfaitement protégé. Simple à monter, il suffisait de mettre les roues, le cockpit et la tige de selle.
La batterie du DI2 se situant dans le tube de selle, il fallait aussi la raccorder. Là encore, rien de compliqué, et même si vous êtes débutant, vous y arriverez sans aucun souci.
Côté finition, j’ai été agréablement surpris. Je commence à avoir vu beaucoup de vélos de près et je peux vous dire que tous ne se valent pas, peu importe la renommée de la marque et le prix du cadre. Ici, avec cette peinture appliquée à la main, il n’y a aucun défaut.
Les petits détails sont aussi de qualité, comme la visserie de la tige de selle qui est protégée par un cache rigide.
Mais aussi la patte anti-déraillement installée et les inserts filetés qui sont tous protégés par un petit capuchon. Rien d’exceptionnel, mais ce n’est pas toujours le cas, même sur des vélos qui valent deux fois ce prix.
La semi-intégration de la câblerie est aussi très propre avec les gaines qui suivent un conduit dans le cintre. L’ensemble est maintenu à l’aide d’un couvercle en plastique.
Le support GPS est aussi de qualité mais il n’est pas fourni avec le vélo. Vous devrez donc l’acheter en supplément (35 €). Il semble très résistant et permet de régler l’orientation du GPS. Il est aussi équipé d’une griffe type GoPro pour ajouter une caméra ou une lumière. Il est compatible avec mon Garmin Edge 1040, mais ne semble pas l’être avec un 1050 (ça passe, mais de justesse).
Le cadre est aussi parfaitement protégé avec un pare-pierre sous le tube diagonal (dépourvu de points de fixation) mais aussi des protections au niveau de la base arrière. Là encore, rien d’exceptionnel, mais ces petits détails sont de qualité. Sur beaucoup de vélos, ces protections s’abîment / se détachent trop rapidement. Ici, il n’en est rien après 800 km.
Enfin, Rose propose aussi deux autres accessoires dédiés à ce vélo avec une sacoche de cadre et une sacoche top tube. Les deux modèles optent pour un système Fidlock aimanté à l’instar de ce que l’on peut retrouver sur le Canyon Grail. Comptez 111 € pour la sacoche de cadre, ce que je trouve un peu excessif par rapport au placement tarifaire des vélos Rose.
La peinture semble aussi de qualité, en tous cas sur la durée du test. Une peinture que l’on aime ou non mais qui ne laissera aucun cycliste indifférent. Au toucher on ressent les aspérités noires ce qui est très agréable.
Géométrie et construction du cadre ★★★★☆
Enfin, un vélo en taille 57 ! Je plaisante mais c’est bien cette taille qui me correspond le mieux et qui reste difficile à trouver chez bon nombre de marques. Ici, elle correspond à du M/L. J’ai donc rapidement trouvé mes repères avec une sortie de selle idéale et aucun périphérique à changer par défaut. Détail important car c’est un cockpit non modifiable à l’achat, ce qui peut déplaire à certains cyclistes.
Sur cette taille, le tube horizontal fait 56,4 cm pour un stack de 57,4 cm. On retrouve un guidon de 40 mm et une potence de 100 mm.
La longueur des manivelles est idéale avec du 172.5 mm. Notez que le cadre peut accepter au maximum des pneus en 45 mm. Je n’ai pas dépassé les 40 mm pendant la durée de ce test. Certains regretteront peut-être ce passage limité à 45, mais je le juge suffisant à mon sens au vu du profil de ce vélo. Depuis quelques mois, nous sommes un peu « matrixés » par certains cyclistes américains qui s’amusent à monter des pneus de plus en plus larges sur des gravels orientés race. Mais pour rouler en Europe sur les manches UCI, du 45 est largement suffisant à ce jour.
Le cadre est aussi compatible avec des transmissions mono ou double avec un grand plateau jusqu’à 50 dents en 1X et 48 dents en 2X.
Seul ombre au tableau sur ce cadre (selon moi) : la présence d’un boîtier de pédalier Pressfit BB86. Quel dommage, surtout sur un gravel où le boîtier de pédalier non fileté doit se changer assez régulièrement. Même si je constate que pour le moment tout tourne comme au premier jour malgré des conditions bien humides en septembre.
Ce vélo est affiché à 8,3 kg. Dans les faits, j’étais plutôt proche des 9 kg. Cette grosse différence peut être expliquée en partie par la peinture rose plus lourde qu’une peinture classique, ainsi que le cadre en taille M/L. J’ai aussi l’impression que Rose ne prend pas en compte le moyeu Classified dans son calcul. Par contre, dès lors que j’ai essayé ce vélo avec les roues Zipp 303 Firecrest, j’étais « proche » du poids annoncé avec 8,6 kg.
Sur le terrain ★★★★★
Justement, commençons par le poids. Ici, ce n’est ni un avantage ni un handicap pour ce vélo qui se place dans la moyenne de ce que l’on retrouve sur le marché. En pratique, ce vélo est parfaitement équilibré. Ce n’est pas le plus facile à lancer mais une fois la vitesse espérée atteinte, les optimisations aéros du cadre fonctionnent à merveille. Monté d’origine avec des pneus Schwalbe G-One RS en 40 parfaitement optimisés pour rouler vite, ça file droit sur les chemins !
Testé aussi en pneus de 32 mm (mesurés à 34 sur les jantes Classified), son comportement est relativement proche d’un pur vélo de route. Il n’a pas ce côté aérien dès que la pente s’élève mais une fois en position aérodynamique, on peut vraiment se régaler.
Mais là où ce vélo m’a étonné, c’est bien sur son confort ! Certes, il s’agit d’un cadre aéro orienté race, mais justement dans cette catégorie, c’est peut-être l’un des vélos les plus confortables que j’ai eu l’occasion d’essayer.
L’avant filtre particulièrement bien les aspérités de la route ou des chemins, notamment grâce au cockpit. Et l’arrière reste tout à fait correct, surtout si vous avez une sortie de selle légèrement importante qui pourra engager un flex léger. Sur ce vélo, j’ai conservé les entretoises d’origine sous le cockpit, ce qui fait que j’ai un stack un peu plus élevé que sur mon vélo de route. Mais avec le cockpit optimisé, je conserve malgré tout une très bonne position aéro sans me casser le dos.
Un de mes gros coups de cœur sur ce vélo est d’ailleurs ce cockpit. Il ne plaira pas à tous les cyclistes, mais je le trouve particulièrement adapté à ce vélo. Il est étroit (40 mm ici) et avec un flare très faible. Il propose un centre incurvé qui permet un parfait positionnement des mains. Si vous préférez les cintres larges, alors passez votre chemin. Mais si vous venez de la route et que vous êtes habitué aux positions aérodynamiques, ce cockpit vous y aidera grandement. Nos mains sont bien calées et on obtient vite une position optimisée, sans qu’elle ne soit trop agressive.
Côté roues, il a longtemps été difficile de se faire un avis vu qu’il s’agissait du modèle dédié au groupe Classified. Mais en fin de test, j’ai essayé ce vélo avec les Zipp 303 Firecrest et le comportement a été légèrement modifié. Surtout sur l’arrière du vélo car la roue est environ 400 grammes plus légère que celle équipée du moyeu spécifique Classified.
L’arrière du vélo devient donc plus vif et plus réactif. J’ai pris beaucoup de plaisir avec cette seconde paire de roues. Preuve que le groupe Classified aussi efficace soit-il, peut légèrement changer le comportement d’un cadre.
Sur l’avant, pas de grosses différences entre la roue carbone Classified et le modèle de chez Zipp.
Parlons-en de cette transmission Classified. Si je ne vais pas m’y attarder puisque son test dédié est sorti récemment, elle est ici couplée au groupe gravel Shimano GRX Di2 12 vitesses. L’ensemble permet d’avoir un vélo en mono plateau tout en conservant les avantages d’une transmission double.
En effet, à l’aide d’un moyeu spécifique additionné d’un petit bouton situé dans le creux du cintre, vous pouvez simuler un petit plateau. Ici la grande couronne est de 48 dents et le petit plateau simulé est de 33 dents. Couplé à une cassette 11-34, ça permet de passer relativement partout, en tout cas pour du gravel assez roulant même s’il y a du D+.
Le 48 dents peut même montrer quelques limites si vous souhaitez utiliser ce vélo sur la route ou si vous jouez les premiers rôles sur les courses gravel. Heureusement, le cadre du Backroad FF permet de monter un plateau de 50 dents.
Alors oui, ça peut choquer un tel plateau sur un vélo de gravel, mais c’est tout là l’intérêt de cette transmission Classified. Esthétiquement, je trouve aussi que le plateau plein se marie parfaitement avec le look agressif du vélo.
Sur un terrain plus technique, ce Rose reste convaincant et mes limites de pilote arrivent avant celles du vélo. J’ai d’ailleurs croisé ce vélo sur le Grinduro Gravel et son pilote était bien devant moi sur les parties techniques ! Ce qui nous limite davantage dans la configuration d’origine c’est bien les pneus Schwalbe. S’ils sont très performants sur le roulant, il ne faut pas que ce soit trop gras au risque de se créer de belles frayeurs. C’est donc un pneu à conserver pour la belle saison mais à changer pour l’hiver.
Mon avis sur le Rose Backroad FF
Si en 2023, le Canyon Grail avait marqué la (ma) fin d’année, avec un vélo que je trouvais particulièrement réussi sur bon nombre de points, même s’il manquait légèrement de confort. Ici, Rose frappe presque aussi fort avec un vélo à mon sens un peu plus polyvalent mais légèrement moins facile à équiper.
En effet, Rose a fait au plus simple en n’intégrant pas de stockage interne dans le tube diagonal ou encore de fixation pour garde-boue par exemple. Passé ces petits détails, je m’attendais à un vélo bout de bois et finalement je ressors de ce test avec un avis un peu plus nuancé.
Certes, il s’agit bien d’un gravel race destiné à la compétition mais qui s’avère plus polyvalent que ses formes ne peuvent le laisser penser. Un vélo que je trouve réussi aussi bien esthétiquement que par son comportement. Des périphériques bien choisis avec des dimensions adaptées aux modes actuelles. Certains regretteront peut-être le passage de pneus limité, mais pour tout le reste, c’est selon moi un sans-faute. Entre Rose, Canyon et Cube, les géants allemands survolent le marché du gravel avec une offre bien pensée.
Si vous recherchez un gravel destiné à la compétition, difficile donc de ne pas inclure le Backroad FF dans votre comparatif. Reste la revente. Rose est une marque un peu moins connue en France. Et sa cote sur le marché de l’occasion n’est malheureusement pas à la hauteur du vélo. Toutefois, si cet argument n’a que peu de sens pour vous, alors c’est une belle marque à découvrir et qui vous permettra de vous différencier au cœur des pelotons.
